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Cancer de la prostate : sexualité, dépistage, traitement, ce qu’il faut savoir

Le mois de novembre est dédié à la sensibilisation aux cancers masculins. Le plus fréquent – 60.000 nouveaux cas sont recensés chaque année (9.200 décès) – est celui de la prostate. Touchant à l’intime chez l’homme, autant que le cancer du sein chez la femme, il suscite de nombreuses interrogations. Dépistage, traitement, effets secondaires, préservation d’une certaine qualité de vie, et particulièrement de la vie sexuelle, sont au cœur des préoccupations des personnes touchées par le cancer de la prostate.

Les questions – qui ont été abordées par le public lors des soirées-théatre proposées par l’ICB en ce mois de novembre 2024 – et leurs réponses apportées ci-dessous par les médecins présents, vous aident à y voir plus clair.

A quel âge doit-on commencer à se faire suivre ?

La survenue du cancer de la prostate est très rare avant 50 ans et son incidence augmente progressivement avec l’âge. L’âge moyen au moment du diagnostic est de près de 70 ans. Il peut  cependant être conseillé de commencer à se surveiller dès l’âge de 45 ans, notamment pour les populations à risques (celles qui ont des antécédents familiaux de cancer de la prostate, du sein dans la branche féminine de la famille, et même des ovaires ; qui ont été exposées au chlordécone ; et les populations afro-caribéennes)  et à partir de 50 ans dans les autres cas. Cette démarche de dépistage individuel est très importante car il n’existe pas de dépistage organisé comme pour le cancer du sein ou le cancer colorectal. La limite d’âge préconisée pour le dépistage est fixée à 74 ans car le cancer peut évoluer lentement donc lorsqu’on s’approche de l’âge moyen d’espérance de vie, on n’engage pas forcément de lourdes procédures médicales. Toutefois, l’espérance de vie augmentant, cette limite devrait être revue dans les prochaines années.

Y a-t-il des symptômes révélateurs ?

Le cancer de la prostate est un cancer silencieux qui ne présente pas de symptômes cliniques ni de douleurs. Cependant, lorsque son stade d’évolution est déjà avancé, il peut parfois provoquer des symptômes qui font suspecter sa présence : par exemple une infection de l’appareil urinaire, la présence de sang dans les urines ou le sperme, une rétention d’urine, des douleurs dans le bas du dos ou dans les os.

Quels sont les examens qui permettent de poser le diagnostic ?

Le plus souvent, la découverte d’un cancer de la prostate fait suite à une mesure du PSA et/ou une anomalie de la consistance de la prostate lors d’un toucher rectal. Attention,  le PSA est un indicateur très pertinent mais à mettre en perspective avec d’autres examens car un taux de PSA de 4 (le taux d’alerte actuel) peut être plus ou moins significatif selon la taille de la prostate du patient. Le diagnostic peut également faire suite à un traitement chirurgical d’un adénome de la prostate. Lorsque les résultats de ces examens supposent la présence d’un cancer, l’urologue peut proposer de réaliser une biopsie prostatique, sous anesthésie locale ou générale. Un bilan d’imagerie peut également être effectué.

Quel rôle le médecin traitant joue-t-il ?

Le médecin généraliste joue un rôle clé dans la détection précoce afin d’adresser ensuite, selon certains critères, les patients auprès des urologues. Des symptômes comme les envies fréquentes d’uriner et des incontinences nécessitent de consulter l’urologue, même si les premiers paliers (PSA, toucher rectal) n’ont pas été franchis en amont auprès du médecin généraliste. 

Quel est son taux de survie ?

Le taux de survie du cancer de la prostate est d’environ 93 % à 5 ans.

Qui choisit s’il doit y avoir de la chirurgie ou de la chirurgie et de la radiothérapie, voire de l’hormonothérapie ?

Chaque cas est évoqué lors de réunion de concertation pluridisciplinaire, qui regroupent plusieurs spécialistes du corps médical. A chaque cas peut correspondre une ou plusieurs propositions de traitement. Lorsque plusieurs solutions s’offrent au patient, le choix du traitement revient au patient.

Il peut se voir proposer :

      • Une intervention chirurgicale, qui consiste à retirer la prostate. Les techniques sont aujourd’hui robot-assistées et permettent une chirurgie mini-invasive.

      • De la radiothérapie ou curiethérapie. Ces traitements varient entre 20 et 40 séances et peuvent s’étirer sur 2 mois. La radiothérapie peut être couplée à une hormonothérapie (traitement entre 6 mois et 3 ans), selon les caractéristiques de la maladie et les comorbidités du patients (car l’hormonothérapie peut avoir des répercussions cardiovasculaires). Depuis peu, des hormonothérapies de deuxième génération peuvent être associées au traitement.

      • Selon les stades de la maladie, une simple surveillance active peut également être proposée.

    Qu’est-ce qui détermine le choix du traitement ?

    Le choix du traitement va dépendre du type de cancer de la prostate (son grade, son stade, le taux de PSA (Antigène Spécifique de la Prostate), l’âge du patient, son état de santé, ses antécédents médicaux et familiaux.

    Quelles sont les conséquences d’une chirurgie de la prostate ?

    La chirurgie de la prostate peut entraîner des conséquences telles qu’un dysfonctionnement érectile, l’incontinence urinaire, des changements dans l’éjaculation et la possibilité de récidive de cancer.

    L’incontinence urinaire peut survenir dans les semaines suivant l’intervention. Elle est le plus souvent temporaire et persiste, dans de rares cas, au-delà d’un an. Une rééducation urinaire effectuée avant et/ou après l’intervention peut être recommandée. Des traitements complémentaires peuvent être proposés, comme des injections dans le sphincter, la pose de bandelettes sous-urétrales, de ballonnets périuréthraux, ou la mise en place d’un sphincter artificiel.  Mais il existe de nombreuses formes de cancer de la prostate et que n’engendrent pas ces effets secondaires.

    Des dysfonctionnements érectiles sont fréquents après la chirurgie. Ils dépendent notamment de la suppression ou de lésion des bandelettes neurovasculaires au cours de l’intervention. Cependant, la conservation des bandelettes neurovasculaires ne garantit pas forcément la reprise des érections. L’amélioration intervient le plus souvent dans les deux ans suivant l’opération.

    Par ailleurs, en cas de prostatectomie totale, l’éjaculation est définitivement perdue. Mais l’éjaculation n’est pas synonyme d’orgasme qui lui, reste intacte.

    Quelles sont les conséquences de la radiothérapie ?  De l’hormonothérapie ?

    La radiothérapie peut induire des troubles urinaires, de la fatigue, des troubles intestinaux ou encore une inflammation du rectum et de l’anus. Il est recommandé de boire de l’eau plate en grande quantité afin que les urines soient claires et non irritantes. Le thé, le café et les épices sont à limiter. L’équipe médicale donne des conseils alimentaires si nécessaire.

    L’hormonothérapie entraîne quant à elle une andropause artificielle (principe de mettre les hormones au plus bas ce qui peut fait apparaître des symptômes d’andropause comme la fatigue musculaire, psychique, etc.).

    La pièce de théâtre Radicale, créée par la compagnie La Clé des Planches avec le soutien de l’association Cerhom, a été proposée par l’ICB à Saint-Marcel, Auxerre et Dijon en ce mois de novembre 2024, pour sensibiliser au cancer de la prostate.

    Est-ce qu’un homme opéré d’un cancer de la prostate perd systématiquement sa fertilité ?

    Les traitements contre le cancer engendrent le plus souvent une perte de la fertilité. Mais quand un cancer de la prostate survient chez un jeune patient ayant un projet de paternité, il lui sera proposé de procéder à une conservation de sperme. Le patient doit en parler à ses médecins avant de débuter tout traitement. Il sera alors adressé à un centre de préservation. La paternité sera possible par le recours à la technique de PMA (Procréation Médicalement Assistée).

    Faut-il aborder le sujet de la sexualité avec les médecins ou psychologues ?

    Il est primordial d’aborder les aspects de la sexualité, de l’intimité et les techniques existantes pour permettre la continuité des relations et la réhabilitation sexuelle après une chirurgie. Ces sujets doivent être évoqués et ne surtout pas être tabous. Que ce soit avec son médecin traitant, son oncologue-radiothérapeuthe, son psychologue et/ou sa/son partenaire.

    Y’a-t-il des risques de récidive du cancer de la prostate ?

    Dans certains cas, le taux de PSA peut rester stable malgré la prostatectomie ou alors réaugmenter après un certain temps. Cela signifie qu’il demeure encore des cellules prostatiques générant cette protéine dans l’organisme ou que de nouvelles cellules prostatiques sont apparues, ce qui oriente vers une récidive du cancer. Ces éléments inviteront systématiquement le corps médical à proposer une radiothérapie de rattrapage.

    Est-ce que l’activité physique permet de lutter contre les effets secondaires ?

    L’activité physique fonctionne bien pour atténuer les symptômes de l’andropause et les effets secondaires liés aux traitements, notamment par hormonothérapie.

    Le soutien psychologique est-il obligatoire ?

    Les questions sont légion avant, pendant et après les traitements du cancer de la prostate, tant cette pathologie touche à l’intime. La crainte d’être dévalorisé aux yeux de sa/son partenaire, de ressentir un affaiblissement de sa virilité, ou la perte d’estime de soi et de ses capacités de séduction sont autant de sujets qui peuvent avoir des conséquences relationnelles et sexuelles. 

    Aborder le sujet au sein du couple peut contribuer à une meilleure communication et à la reprise d’une vie affective et sexuelle épanouie après la maladie. Dans ce cadre, s’il n’est évidemment pas obligatoire, le soutien psychologique peut être bienvenu. Une prise en charge oncosexologique peut également être proposée pour accompagner le patient et le couple.